La gestion de trésorerie des PME exportatrices suisse face au dollar américain.

La gestion de trésorerie des PME exportatrices suisse face au dollar américain.

Lundi, Septembre 15, 2025

Faut-il couvrir son risque de change dès 5 %, 20 % du chiffres d'affaires en monnaie(s) étrangère(s) ou plus ?

Exporter aux États-Unis, c’est tentant, séduisant : marché gigantesque, opportunités commerciales, etc. Mais c’est aussi une exposition directe à une devise volatile, le dollar américain (USD), qui peut mettre en danger les marges des entreprises suisses.

Alors, à partir de quel niveau faut-il se protéger contre le risque de change ? Les réponses varient.

1. Les approches « bancaires »

Les institutions financières ne sont pas unanimes :

  • Certaines banques canadiennes (1) recommandent d’adopter une stratégie de couverture dès que 5 % du chiffre d’affaires est exposé en devises étrangères.
  • D’autres, comme La Raiffeisen (2) placent la barre plus haut, à 20 % du chiffre d’affaires.

Pourquoi une telle différence ? Parce que la couverture n’est jamais gratuite : elle mobilise du temps, des outils et parfois des primes (options). Plus on couvre tôt, plus on sécurise la marge. Mais trop couvrir, trop tôt, peut aussi devenir une contrainte inutile si l’exposition reste marginale.

2. Le bon sens comme boussole

Au fond, la question n’est pas de savoir quel pourcentage appliquer "à l’aveugle", mais quelle est la tolérance au risque de votre entreprise.

Quelques repères pratiques :

  • Moins de 10 % du C.A. en USD : l’exposition reste modeste. On peut absorber les fluctuations dans la marge, sauf si celle-ci est déjà très fine.
  • 10 à 30 % du C.A. en USD : le risque devient significatif. Une couverture partielle (30–50 % des flux) est souvent pertinente.
  • Au-delà de 30 % du C.A. en USD : l’exposition est critique. Il devient prudent d’adopter une politique structurée, couvrant jusqu’à 70–100 % des flux fermes à court terme.

En clair : plus la dépendance au dollar augmente, plus la stabilité financière de l’entreprise exige une protection.

3. Les outils disponibles (sans jargon compliqué)

Les entreprises disposent de plusieurs instruments financiers pour se protéger :

  • Contrats à terme : fixer aujourd’hui le taux de change d’une transaction future.
  • Options : une assurance qui garantit un taux minimal (contre une prime), tout en laissant profiter d’une évolution favorable.
  • Couverture naturelle : payer ses fournisseurs en USD quand on vend en USD, ce qui équilibre naturellement les flux.
  • Remarques : il existe aussi la possibilité de ne pas se couvrir, dès lors que le CHF se déprécie par rapport au USD, la couverture s’établie de manière « naturelle ».
  • Comme pour une assurance voiture, l’objectif n’est pas de « gagner de l’argent » avec la couverture, mais d’éviter un accident de trésorerie.

4. Pourquoi ne pas viser 100 % de couverture ?

Couvrir 100 % des flux peut sembler logique, mais c’est rarement réaliste :

  • Les commandes varient (prévisions vs réalité).
  • Les instruments financiers coûtent du temps et parfois de l’argent.
  • La flexibilité est nécessaire pour ne pas se retrouver « surcouverts » si les ventes diminuent.

La plupart des PME trouvent un équilibre : couvrir les contrats fermes à court terme et garder de la souplesse sur les prévisions.

5. Conclusion : prudence et pragmatisme

Il n’existe pas de recette unique. Les banques conseillent des seuils théoriques (5 %, 20 %…), mais la meilleure stratégie reste celle qui combine analyse des risques, bon sens et adaptabilité.

La clé est de se poser régulièrement quatre questions simples :

  1. Quelle part de mon chiffre d’affaires dépend réellement du dollar ?
  2. Quelle est ma marge de manœuvre si le dollar bouge de ±5 % ?
  3. Quels outils simples puis-je mettre en place pour sécuriser mes flux ?
  4. Comment vais-je anticiper la fluctuation du cours de change ?

Bien pilotée, la gestion du risque de change ne doit pas être vue comme une contrainte, mais comme une assurance sur la stabilité de la trésorerie et donc un levier de confiance pour croître à l’international.

1 https://www.bdc.ca/fr/articles-outils/marketing-ventes-exportation/exportation/limiter-le-risque-de-change

2 https://www.raiffeisen.ch/rch/fr/clients-entreprises/gestion-des-liquidites/devises/strategie-de-devises.html

Références pratiques :

https://www.desjardins.com/content/dam/pdf/fr/entreprises/international/gestion-risque-change.pdf

https://www.kmu.admin.ch/dam/kmu/fr/dokumente/politique-pme/exportrisiken_kontrollieren_fr.pdf.download.pdf/exportrisiken_kontrollieren_fr.pdf

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